Totem Raven, d'un océan à l'autre

Nation gitksan, Canada

Le totem Raven, d'un océan à l'autre

Près de 1 500 personnes – dignitaires, artistes, artisans, invités spéciaux, visiteurs – ont assisté, dimanche le 1er juillet, à la cérémonie d’érection officielle du totem Raven, d’un océan à l’autre, offert par la nation gitksan, « peuple de la brume de rivière », au Rendez-vous international de sculpture 1984 de Saint-Jean Port-Joli. Anciennement nommée nation « Ksan », ce terme gitksan désigne la rivière Skeena, ce qui signifie « rivière des brumes ».

Image Description Crédits
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Selon l'encyclopédie canadienne, « un totem ou un poteau monumental est une grande installation créée par les peuples autochtones de la côte du Nord-Ouest qui présente l’histoire d’une nation, d’une famille ou d’un individu, et qui affiche leurs droits sur certains territoires, leurs chants, leurs danses et d’autres aspects de leur culture. Les totems peuvent également être utilisés comme monument commémoratif ou pour raconter des histoires. »

Cette pratique étant spécifique aux cultures autochtones de la côte du Nord-Ouest, le totem a été sculpté en Colombie-Britannique puis transporté par train jusqu'à Saint-Jean-port-joli.

Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits
Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits

L'érection d'un totem est une cérémonie grandement significative constituée de récits, danses, chants et musiques traditionnelles. À l'occasion du Rendez-vous international de sculpture 1984, la nation gitksan a présenté la danse de l'ours et du corbeau. Les masques vêtus par les performeurs sont peints et sculptés en bois. Certains sont habilement conçus pour être articulés, les pièces mobiles révélent un autre personnage.

Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits
Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits
Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits
Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits
Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits
Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits

À gauche, le danseur gitksan porte une couverture tissée chilkat. Le danseur de droite, quant à lui, est habillé d'une couverture à boutons, portée à des fins cérémonielles, représentant ici l'une des quatre lignées de parenté (ou clans) gitksan : grenouille, aigle, loup et épilobe.

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L'érection du totem

L'érection officielle nécessite le déploiement de diverses techniques pour ancrer le totem solidement au sol. Dave Mac Donald, [de la nation gitksan] qui présidait à la montée du totem Raven, d’un océan à l’autre, soulignait, au cours de la cérémonie d’érection, qu’il était tout à fait exceptionnel que des [Autochtones] fassent cadeau d’un totem à des blancs, en raison de son importante signification spirituelle.

Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits
Photo inconnue, 1984, coll. Est-Nord-Est, résidence d'artistes. Crédits

Détails du totem

À la base du totem se trouve le Corbeau de la Métamorphose tenant entre ses serres le Coffre de la Clarté. La lumière remonte tout d’abord jusqu’à l’Ours puis au Crabe et au Saumon, symboles des rivières, des lacs et des golfes du Canada. Au sommet du totem brille le Soleil, libéré du Coffre de la Clarté, éclairant les terres et eaux d’un océan à l’autre.

Photo Judith Douville, 2013, coll. Musée de la mémoire vivante. Crédits
Photo Judith Douville, 2013, coll. Musée de la mémoire vivante. Crédits
Photo Judith Douville, 2013, coll. Musée de la mémoire vivante. Crédits

Les Premières nations ont un protocole précis pour la désignation du titre prestigieux de « sculpteur ». La fabrication de totems exige un savoir-faire et une haute technicité. Il y a également des différences culturelles allochtones et autochtones en regard au statut d'artiste. Tel que l'a expliqué Gaétan Nadeau, un attaché de presse en 1984, « Pour un membre [de la nation gitksan] usant des traditions ancestrales, de tels concepts sont purement occidentaux et de peu d'intérêt. » En ce sens, la création du totem est collective, nous n'avons pas la liste des sculpteurs ayant réalisé le totem Raven, d'un océan à l'autre. À l'époque, « cette recherche était culturellement non avenue. » Toutefois, les moeurs changent et l'attribution individuelle d'artiste à la réalisation de totem est pratique courante pour les créations contemporaines.

Photo Judith Douville, 2013, coll. Musée de la mémoire vivante. Crédits

Tel que l'explique l'encyclopédie canadienne, « la colonisation menace aussi l’existence même des totems. À partir du 19e siècle, le gouvernement fédéral cherche à absorber les Premières Nations en interdisant leurs pratiques culturelles dans la Loi sur les Indiens, y compris le potlatch, qui est la cérémonie au cours de laquelle les totems sont souvent érigés. Jusqu’à la levée de l’interdiction du potlatch, en 1951, les totems sont déplacés et appropriés par les Européens, saisis de leurs domiciles et amenés dans des musées et des parcs du monde entier. » Chaque érection de totem est donc un symbole fort de l'affirmation culturelle autochtone et de sa résilience.

Corporation du Congrès international de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli 1984 (doc. interne).

Gadacz, R. (2017). Mât totémique. Dans l'Encyclopédie Canadienne. Repéré à https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/totem.

Powell, J., & Jensen, V. (2022). Ksan. Dans l'Encyclopédie Canadienne. Repéré à https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/ksan.

Rendez-vous international de sculpture 1984.

Évènement : Rendez-vous 1984 Adresse : Parc des Trois-Bérets
Mise à jour : jeudi 4 avril 2024