« La maison ''monumentale'' apparaît comme le premier type d’habitation qui pousse après la Conquête, faisant suite à des influences culturelles nouvelles. Il s’agit en fait d’un carré de pierre imposant, aux murs de 24' à 30' d’épaisseur et à deux ou trois étages.
Il est toujours surprenant de voir surgir de tels édifices en pleine campagne comme c’est le cas à Saint-Jean-Port-Joli[,] Saint-Roch des Aulnaies [avec la maison Létourneau visible ci-bas], Saint-Pierre-les-Becquets, Sainte-Angèle de Laval... Mais on va les retrouver surtout dans la région de Québec et de Montréal qui deviendront les centres des brasseurs d’affaires au XIXe siècle.
Donc, de 1760 à 1840-50, suivant sans doute des réalisations d’architectes anglais ''fraîchement'' débarqués au pays et le mimétisme de nos constructeurs, un type aux dimensions imposantes comme son nom l’indique voit le jour chez nous. Il ne faudrait cependant pas croire que ce genre de maisons va croître en nombre à la fin du XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe. On peut en compter une centaine tout au plus, à travers le territoire actuel de la province de Québec. [...]
Règle générale, ce sont des structures imposantes, mais simplement dénuées de tout artifice et de toute ornementation superflue. La plupart sont en pierre piquée, quelquefois taillée et de parement soigné. On va choisir des matériaux de qualité (bois et pierre), desquels on saura tirer un édifice aux lignes pures, géométriques, où la symétrie et l’harmonie apparaissent comme un souci constant du constructeur. C’est d’ailleurs de ces lignes simples et classiques et de la mise en valeur du matériau que ces maisons tirent leur charme, leur attrait et leur beauté. Il faut noter ici que la plupart, sinon toutes seront laissées à la pierre sans crépi.
La symétrie apparaît entre autres dans les ouvertures qui se répètent régulièrement et dans des dimensions identiques sur les quatre façades. La distribution des cheminées de chaque côté vient renchérir sur ce point. L’équilibre et l’harmonie des proportions entre les façades et la toiture, entre la verticalité et la hauteur des murs ainsi que la pente du toit deviennent autant d’éléments qui font de l’habitation dite monumentale, une maison aux lignes classiques qui s’inscrit dans ce renouveau de la fin du XVIIIe et de la première moitié du XIXe siècle. Les toits sont à deux ou quatre versants, à pente très douce (entre 25 et 30°) et couverts de bardeau ou de tôle. (Lessard et Marquis, 1972 : 318-321) »
La tradition orale veut que cette maison, construite au début des années 1820 par le marchand Jean-Marie Bélanger, aurait aussi servi de quartier général de la milice et même de prison. Philippe Aubert de Gaspé, fils, dans son œuvre L’influence d’un livre, affirme que c’est à cet endroit que le célèbre
Comité culturel de la municipalité de Saint-Jean-Port-Joli, « Circuit du patrimoine bâti de Saint-Jean-Port-Joli » [brochure], 2008, p. 2.
Lessard, Michel et Huguette Marquis. Encyclopédie de la maison québécoise : 3 siècles d’habitations, Les Éditions de l’Homme, Montréal, 1972, p. 318-339.